Un jour j’ai décidé de donner un regard rétrospectif sur ma vie en réfléchissant à mes devoirs et mes désirs. Ensuite la pandémie de Covid s’attaque au monde et le confinement commence. Je me sentais simplement impuissante. La situation me fait repenser au sens de la vie quotidienne. Ces derniers jours, retrouver et ressentir “des choses invisibles” est devenue une partie inséparable de ma vie de tous les jours. Les visages masqués et les désinfectants qui se trouvent partout nous font sentir la présence des virus invisibles à nos yeux.
Les changements dans notre vie nous font nous rendre compte de la liberté dont nous jouissions avant. Aujourd’hui, les actions si simples pour beaucoup d’entre nous, comme aller au restaurant, profiter d’une pause café, faire du sport ne vont plus de soi. Paradoxalement, ces moments qui étaient part entière de la vie quotidienne sont vus plutôt comme des actions déviantes dans le contexte actuel du confinement. Une déviation ne peut exister que dans la présence de la norme. Mais cette fois-ci, ce qui était la norme devient la déviation.
Je me demandais alors: ma vie quotidienne pourrait-elle vraiment être appelée ainsi? La quotidienneté se base sur la prévisibilité jour après jour, sur la croyance que les petites actions qu’on a entreprises hier vont continuer et pouvoir se répéter aujourd’hui et demain. L’imprévisibilité fait changer profondément la nature de nos habitudes. Pourrait-on même réellement définir ce qu’est “quotidien” dans la vague d’imprévisibilité?
Les styles habituels et ordinaires d’hier seraient-ils aujourd’hui les plus déviants, et peut-être reprendront-ils notre vie quotidienne plus tard, un jour? Dans ces temps de vie imprévisible où la grande partie de la vie quotidienne d’hier est devenue des actions de déviation, je rêve d’une petite révolte.